Dans «Histoires de Tripes», Ghizlane Sahli nous invite à passer des moments de béatitude dans un voyage qui est à la fois intérieur et organique, qui s’articule autour d’un thème universel, et nous permet de transcender ce qui exclurait normalement les humains de voir «l’universalité», et son mécanisme qui se trouve être à la fois sophistiqué et complexe.
C’est dans ce terrain de jeu dépouillé et tortueux que seul le pouls vital continue de s’accélérer, que l’artiste s’efforce de donner corps à son sujet. Tout commence avec la collecte de milliers de bouteilles d’eau en plastique, qu’elle nettoie et coupe en cellules, qu’elle recouvrira ensuite de fils de sabra (soie végétale), puis elle sera suspendue à une forme métallique en forme de maille.
Histoire que raconte l’oeuvre
Au cours d’un processus où le «défini» rencontre «l’indéfini», l’artiste aime imaginer que ces alvéoles représentent des cellules qui, en s’agrippant à cette membrane métallique, forment une matière vivante et organique. Un mécanisme qui parfois lui échappe, avec un désir de reddition, attendu et avoué. De même qu’elle s’abandonne aux histoires de ces flacons rassemblés, dont chacun, par son origine, les mains qui l’ont palpé, les lèvres qui l’ont touché, raconte sa propre histoire et apporte sa singulière résonance.
Autant d’éléments sensoriels que Ghizlane Sahli accueille dans son travail au sein de la galerie art Marrakech David Bloch. Elle dit: «Ce sont toutes ces énergies, bonnes ou mauvaises – selon ce que tout le monde a connu ce jour-là -, quelque part, qui dictent la forme du travail final, que je ne contrôle pas. Ce quelque chose qui est fait et qui a lieu, comme un échange, sans que je sois là pour tout contrôler ou diriger, parce qu’il y a des choses qui sont faites, et d’autres pas, c’est un peu comme la vie. «
*Ghizlane Sahli est née à Meknès en 1973 et a grandi à Agadir. Formée en architecture à Paris, elle s’installe à Marrakech en 2005, où elle vit et travaille aujourd’hui.
Travail de charité
Aujourd’hui, Ghizlane continue son travail avec l’aide de femmes artisanales locales. Ensemble, elles cherchent de nouvelles façons de travailler avec du fil de soie. Elle a développé «les Alvéoles», broderie tridimensionnelle, fabriquée à partir des dessus de bouteilles usagées, recouvertes de fil de soie.
Elle imagine des mondes poétiques et rêveurs où elle peut expérimenter et créer des ponts entre ses trois passions, espace et volume, issues de ses études d’architecture, fil de soie, de son engagement dans la broderie et de l’environnement, de ses interrogations personnelles sur le développement durable et l’avenir de la planète. Elle aime transformer la matière, la sublimer et lui donner du sens.
Ghizlane Sahli est représentée par la galerie David Bloch à Marrakech.